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Livret de défense des patient.e.s

Pourquoi ce livret ?


Permettre aux patient.e.s d’avoir les outils informatifs nécessaires afin de savoir ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas dans le cadre médical.

Partant du constat que nous sommes trop nombreux.ses à avoir été victime de maltraitances médicales, à avoir subi.e.s des actes qui nous mettaient mal à l’aise, dont nous sommes sorties meurtri.e.s et humilié.e.s.

Pour éviter que cette peur ne se transforme en traumatisme, pour éviter que des patient.e.s limitent leur accès aux soins, à la prévention, à la détection par peur du gynécologue, pour éviter que le fossé ne se creuse davantage entre les patient.e.s et le corps médical, ce livret a pour ambition de vous fournir un outil de communication entre les médecins et les patientes.


La gynécologie touche notre intimité la plus profonde, à notre rapport à la sexualité, à notre corps, à notre féminité, à la maternité, il est donc parfaitement légitime que nous ayons le désir de rester maître de cette partie de notre corps.


 My body, my rules


Vous devez être impliquées dans le choix médical

Vous pouvez demander à ce que les gynécologues/obstétricien.ne.s vous exposent les choix s’offrant à vous en matière de contraception et de traitement curatif. Vous pouvez demander à votre praticien.ne s’il existe un traitement alternatif et quels sont les avantages et les inconvénients de chacun de ces traitements.

Le rôle de votre médecin est de vous accompagner dans le choix médical, en vous apportant son avis éclairé, mais pas de prendre ce choix à votre place, vous êtes donc libre d’aller contre ses recommandations.


Votre douleur ne doit pas être ignorée

Votre douleur ne peut être niée, elle doit être entendue et prise en charge par un traitement adéquat. Si le traitement que vous propose lae praticien.ne vous semble inadapté (du doliprane alors que vous venez de subir une opération au laser), vous avez le droit de demander une véritable prise en charge de la douleur.

Vous avez également le droit de faire cesser un geste douloureux, si l’examen est trop brutal, vous pouvez demander à votre praticien.ne de faire cesser ce geste.

Vous avez également le droit d’exprimer cette douleur, de crier, de hurler, oui, vous avez le droit de hurler pendant un accouchement, le cri est un exutoire, et si cela vous permet d’endurer les douleurs du travail pendant l’accouchement, personne n’a le droit de vous demander de vous taire.  


Votre sexualité ne doit pas être jugée

Que vous soyez  hétérosexuel.le, trans, bisexuel.le, lesbienne, asexuel.le, vierge, polyamoureux.se, travailleur.se du sexe, infidèle, adepte des pratiques orales, de la sodomie, des jeux de rôle, de la pornographie, vous n’avez pas à vous en justifier auprès de votre gynécologue.

Il n’a pas à vous adresser des remarques stigmatisantes sur votre sexualité, vous êtes libre de lui en parler si elle est cause de souffrance pour vous ou pas.

De la même manière, un médecin ne devrait pas manifester son malaise, sa désapprobation, son dégoût, ou pire, changer de sujet, lorsque vous lui parlez de votre sexualité.

« Vous voulez qu’un ami vous aide à avoir un enfant alors que vous êtes lesbienne ? Mais madame, c’est interdit par la loi ! » C’est faux et déplacé, il est médecin et non avocat, il n’a pas à sortir de son rôle.


Votre consentement doit être recueilli

Votre gynécologue ne peut vous examiner sans votre accord. Iel ne doit pas vous ordonnez de vous déshabiller « enlevez le bas » mais doit vous le proposer.

Iel doit vous prévenir avant de procéder à un examen et doit vous dire quel type d’examen, et avec quel type d’instruments iel va vous examiner.

Vous pouvez lui demander si une autre méthode d’exploration médicale est possible, si vous jugez que le sienne est trop intrusive.

Iel doit tenir compte de votre sensibilité (si vous êtes irrité.e, par exemple) et doit veiller à ne pas vous faire mal.


Votre gynécologue n’a pas à juger votre apparence physique

Vous êtes libre de vous épiler, ou pas, d’avoir pris du poids ou d’en avoir perdu.

Certes,  votre gynécologue peut vous alerter des risques médicaux liés à la prise de poids mais son rôle s’arrête là, en aucun cas iel ne peut vous faire vous sentir mal à l’aise ou vous stigmatiser en raison de votre apparence physique.

Toutes les remarques paternalistes en la matière sont inacceptables.

Vous pouvez répondre à votre gynécologue « votre remarque est déplacée »


Vous pouvez demander à pratiquer vous-même le frottis

Vous pouvez demander à votre gynéco de vous montrer comment pratiquer le frottis vous-même et vous faire accompagner dans cette démarche par ses indications.  


Votre gynécologue n’a pas à juger votre style de vie

Vous avez décidé de ne pas avoir d’enfants, de privilégier votre carrière professionnelle ?

A l’inverse, vous avez décidé d’être mère au foyer et d’avoir plusieurs enfants ?

Vous avez eu un enfant jeune, ou très tard ?

Vous en êtes à votre troisième avortement ?

C’est votre histoire, votre vie, vos valeurs, votre médecin ne connait pas votre parcours, iel ne lui appartient pas de juger à votre place et de vous faire des remarques sur le sujet.


Vous êtes libre de refuser les examens médicaux superflus

Vous êtes libre de refuser les examens qui ne sont pas strictement nécessaire. Si dans la même journée, l’équipe médicale veut vous imposer plusieurs touchers vaginaux, vous êtes libre de refuser en précisant qu’il vous a déjà été pratiqué et que les résultats doivent figurer dans votre dossier.

Vous êtes également libre de demander si cet examen est réellement nécessaire ou si le médecin peut s’en dispenser.

Vous n’êtes pas obligé.e d’accepter un double examen par un.e étudiant.e en médecine. Certes, si vous êtes dans un hôpital universitaire, il peut vous être proposé, mais vous êtes toujours libre de le refuser.


Article R4127-36 du Code de la Santé Publique

Le consentement de la personne examinée ou soignée doit être recherché dans tous les cas.

Lorsque le malade, en état d'exprimer sa volonté, refuse les investigations ou le traitement proposés, le médecin doit respecter ce refus après avoir informé le malade de ses conséquences.

Si le malade est hors d'état d'exprimer sa volonté, le médecin ne peut intervenir sans que ses proches aient été prévenus et informés, sauf urgence ou impossibilité.


Votre gynécologue doit vous écouter et vous répondre

Certes, le temps de votre médecin lui est compté, spécialement si iel officie dans un hôpital, toutefois, iel a l’obligation de vous écouter, de répondre à vos questions et de vous expliquer votre parcours médical. Iel doit le faire, et ne peux vous empêcher de le solliciter en mettant brutalement fin à la conversation en vous poussant vers la porte « bien, voici votre prescription, on se revoit dans un mois au revoir ».

Vous pouvez lui dire « j’aimerai cependant vous poser une question, je ne comprends pas pourquoi vous décidez de me réopérer une deuxième fois, alors que la précédente opération a été un échec »

Le médecin doit vous expliquer spontanément quel est son diagnostic et le choix de sa prescription.

Iel ne peut vous laisser sortir sans avoir compris ce qui vous arrivez.


Vous n’avez pas à subir ses remontrances

Le médecin doit vous soigner, son rôle s’arrête là. Iel n’est pas votre père/mère, iel a le « savoir » et non le « pouvoir », iel n’a donc aucun droit de l’exercer sur vous. Vous êtes son égale et non sa subalterne, iel ne peut vous traiter comme telle.


Votre médecin ne peut vous rejeter la faute

Il peut arriver que votre médecin ne comprenne pas pourquoi le traitement qu’iel vous a prescrit ne fonctionne pas, dans ce cas, il sera tenté de vous blâmer « Vous n’avez pas correctement suivi votre traitement ? »

« Vous avez encore eu des rapports non protégés et c’est pour cette raison que vous êtes réinfecté par le HPV »

Sachez lui répondre posément « Non, j’ai suivi vos instructions, la cause du problème est ailleurs »


Comment dire non ?


Le projet de naissance

Si vous êtes enceinte, vous pouvez rédiger un projet de naissance, et vous pouvez être accompagnée dans cette démarche par une consultante en périnatalité, une sage femme en qui vous avez confiance.

Dans, ce projet, qui devra être inséré dans votre dossier, vous devrez indiquer quels sont vos choix : refus de la péridurale, refus de vous voir pratiquer des TV superflues, refus d’une épisiotomie, respect de votre intégrité physique, de votre consentement.


Avant une opération

Malheureusement, il arrive que les étudiant.e.s en médecine pratiquent des touchers vaginaux à des patient.e.s anesthésié.e.s à des fins  d’entrainement. Vous pouvez également indiquer à votre chirurgien.ne, avant votre opération que vous refusez que de tels attouchements vous soient pratiqués. C’est un viol.


Article 222-23

Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol.

Le viol est puni de quinze ans de réclusion criminelle.


Soyez préparée à l’affronter

En disant « NON », vous blessez directement l’ego de votre médecin, vous remettez en cause ses compétences, et cette blessure sera d’autant plus forte si vous exprimez votre refus devant ses pairs. Décrédibilisé, humilié, sa réaction risque d’être forte, voire violente.

Il pourra répondre à l’humiliation par l’humiliation.

« Vous êtes médecin ? Non, alors laissez-moi faire mon travail sans me dire comment je dois le faire »

« Vous avez vu ça sur internet ? Ne soyez pas suffisamment naïve pour croire tout ce qui est écrit sur internet ; je vous dis que vous ne pouvez pas avoir un DIU tant que vous n’avez pas d’enfant »


Comment défier son autorité morale ? La chose n’est pas aisée, certes, mais sachez répondre :


«  C’est mon corps, et cette décision me concerne avant tout. Je ne remets pas en cause votre compétence, mais je ne veux pas prendre un traitement si j’ai l’impression qu’il ne me convient pas ».

« Votre devoir est de me délivrer un conseil éclairé et non de m’imposer vos choix, par conséquent, vous ne pouvez choisir à la place »


Lysandra

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