Non, Mr Juppé, vous ne pouvez pas obliger une femme à se faire toucher le vagin sans son consentement.
Dans votre beau programme pour 2017, vous prévoyez de créer un « délit d’entrave à la laïcité » pour toute patiente refusant de se faire examiner par un médecin du sexe opposé.
Cher Alain Juppé, je fais parti de ces femmes qui refusent d’être examinées par des médecins du sexe opposé.
Laissez moi vous expliquer. J’ai eu deux enfants, un cancer du col de l’utérus, et j’ai du subir autant de toucher vaginaux que vous avez pris de café en moins de 5 ans.
Et comme la majorité des femmes, j’ai subi des violences médicales, des examens brutaux, des touchers vaginaux non consentis, des remarques stigmatisantes sur ma sexualité, des remarques paternalistes, des « oh arrêtez de gémir, voyons, vous avez l’habitude maintenant », ou encore « vous avez mal? changez de savon… » ou bien « le cancer est revenu, bon, j’imagine que c’est parce que vous avez eu beaucoup de rapports non protégés hein ? » dis le médecin qui n’y connait absolument rien en cancer du col de l’utérus mais qui manifestement a bien du fantasmer sur ma vie sexuelle….
Donc oui, j’en suis arrivée à un point où je refuse qu’un homme me touche, et si l’on me force à subir un examen gynécologique sans mon consentement… vous savez ce que cela signifie? cela signifie que vous voulez m’obliger à être violée.
Mais expliquez une chose :
C’est quoi le rapport avec la laïcité? La laïcité, cher Mr Juppé, c’est le principe de neutralité de l’Etat face au religieux. L’Etat ne doit avoir aucun lien avec la religion, mais il doit garantir la liberté de culte. Ce principe s’impose donc à l’Etat, et non à ses citoyens.
« La laïcité qui garantit à tous les citoyens quelles que soient leurs convictions philosophiques ou religieuses, de vivre ensemble dans la liberté de conscience, la liberté de pratiquer une religion ou de n’en pratiquer aucune. » (observatoire de la laïcité)
Et cela ne me parait guère être inconciliable avec le principe de libre disposition de son corps, du libre choix de son médecin qui est la condition d’une bonne prise en charge : comment voulez vous soigner correctement une patiente, si la prise en charge est basée sur la coercition? Ceci étant rappelé, je ne vois toujours pas rapport entre laïcité et liberté de choisir son médecin. Vous semblez penser que les femmes refusent d’être soignées par un médecin nécessairement pour des raisons religieuses…. sauf que non. Elles peuvent juste se sentir plus en confiance et plus à l’aise pour parler de leur intimité avec une personne de leur sexe. Elles peuvent ne pas encore avoir eu de rapports sexuels, et ne pas vouloir être touchée par un homme. Elles peuvent refuser de se faire examiner par un homme car elles ont déjà eu de très mauvaises expériences avec un homme. Elles peuvent avoir été violé (comme une femme sur six) ou avoir été victime de harcèlement, de violence sexuelle (comme la majorité des femmes), et ne pas vouloir être examinée par un homme. Elles peuvent ne pas vouloir être examinées par un homme car c’est contraire à leur croyance, à leur morale, et c’est leur droit le plus absolu. C’est ce que rappelle la charte pour la personne hospitalisée : “L’établissement de santé doit respecter les croyances et convictions des personnes accueillies. » Je vais vous laisser le bénéfice du doute Monsieur Juppé et me dire que vous vous êtes peut être laissé influencer par le très populaire Mr Trump qui déclarait avoir le droit de “grab the pussy” des femmes en s’affranchissant de leur consentement… revenez à la raison…. Si vous voulez lutter en faveur des droits des femmes, Cher Monsieur Juppé, je vous suggère de militer ardemment contre le viol, contre les maltraitantes médicales, contre les violences faites aux femmes au lieu de militer pour leur institutionnalisation. ” Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment “ Code de la santé publique - Article L1111-4 Lysandra
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