top of page
Rechercher

Ces mythes sur le viol qui contribuent à la culture du viol

Des mythes bien ancrés dans notre société faussent totalement notre vision du viol, ce qui est profondément dommageable pour les victimes. Car lorsque leur récit ne se conforme pas à cette vision « idyllique » du viol : un horrible inconnu tapi derrière un buisson agressant sauvagement sa victime, la personne violée est alors soupçonnée de mentir.

Mythe 1 : le viol est commis par « un inconnu »


Toutes les études prouvent que dans l’immense majorité des cas : 80%, la victime connaissait son agresseur. 41% des victimes ont été violées par une connaissance, 10% par un.e ami.e et 28% par un membre de la famille. Seules 20% des victimes ont été violées par un inconnu.


En quoi ce mythe affecte les victimes de viol ? Un sondage mené auprès d’étudiant.e.s aux Etats Unis montrait qu’aux yeux des personnes sondées, si la victime avait été violée par une personne proche, on pouvait raisonnablement douter de la crédibilité de son récit.


Mythe 2. Le viol est une agression physique extrêmement violente


Montrer systématiquement des images de victimes à terre, ensanglantées, des bleues sur le visage pour illustrer des articles sur le viol laisse à penser que viol est synonyme de grave violence physique. Ainsi, il suffirait que la victime porte les stigmates de ces violences pour que son récit soit légitimé.

Sauf que ce n’est pas aussi simple… Il est parfaitement possible de forcer le consentement d’une personne sans faire usage de la violence physique.

Il est possible de forcer une personne à se soumettre à une relation sexuelle en faisant usage de technique de manipulation, de chantage, de harcèlement…


Mythe 3. La police sait identifier un viol, c’est leur métier après tout


Une étude a demandé aux policiers de définir une agression sexuelle. Parmi leurs réponses :


- « Le viol, c’est juste du sexe hard avec la fille qui change d’avis à la fin. Techniquement, pour qu’il y est viol, il doit y avoir usage de la violence, mais je vois tellement de filles venir se plaindre de viol sans trace de violence que je ne pourrais voir la différence entre celle qui dit la vérité et celle qui cherche à condamner un mec innocent »


- «  Qu’en est-il d’une fille qui couche tous les jours avec un mec pendant 3 mois, et puis une nuit dit « non ». Est-ce vraiment un viol ? Je crois pas, non »


- « Parfois un mec n’arrive pas à se contenir. Il se laisse charmer par la fille. Un viol, c’est une violence physique, et ça… c’est très rare. »


Dans une autre étude menée auprès de policiers texans, ces derniers pensaient que jusqu’à 50% des plaintes pour viol étaient fausses et que la majorité des femmes mentaient quand elles disaient avoir été violées.

Et pour la France ? Aucune formation spécifique n’existe sur le viol permettant aux policiers de déconstruire leurs préjugés en la matière et de pouvoir ainsi mieux répondre aux victimes de ce type d’agression.



Mythe 4. Les juges ne se laissent pas influencer pas la culture du viol


Malheureusement, il n’en est rien, et les juges, viendront appliquer leur sentence au regard des mythes tenaces sur le viol. Il en va ainsi de ce juge qui demande à la victime si elle a bien pensé à « fermer ses jambes » pendant le viol, comme si elle s’était volontairement « laissé violée ».

Dans cette même veine, Todd Baugh, juge dans le Montana a estimé que “la victime de 14 ans est autant responsable de la situation que son violeur de 54 ans”, qui a donc écopé de 30 jours de prison.


Mythes 5. Dès qu’une personne ait violé, elle va porter plainte


Seuls 6% des viols font l’objet d’un dépôt de plainte. Le fait que les policiers soient aussi mal formés sur la question, comme nous venons de le voir, et la peur de ne pas être crue décourage fortement les victimes de viol à aller voir la police.


En ce qui me concerne, quand je suis allée porter plainte au commissariat, j’en suis ressortie avec une expérience mitigée. Certes, j’ai eu l’impression d’être crue, et les policiers semblaient prendre très au sérieux ma déposition. En revanche, j’ai eu le sentiment d’être traitée de la même manière qu’un.e délinquant.e ; iels ont appliqué les mêmes techniques d’interrogatoires qu’iels appliquent à n’importe quel suspect : j’ai eu droit au « good cop » / « bad cop ». Devoir raconter mon témoignage 5 fois, à 5 personnes différentes. Devoir le raconter dans l’ordre chronologique, puis dans le désordre. Devoir dessiner mon agression. Passer la journée à devoir tout raconter, sans un seul moment de répit.



Mythe 6. Une personne sait bien quand elle a été violé


Il n’est pas rare que des personnes n’aient pas vu leur consentement respecté, mais n’ayant pas subies de violence physiques, ne se sentent pas légitime à parler de viol. Et il faut parfois beaucoup de temps, pour une victime à réaliser que non, avoir un petit copain qui exige une fellation chaque soir sinon il se met en colère, n’est pas une relation mutuellement consentie.

Que non, se sentir obligé.e de se laisser baiser par son patron député quant on est attaché.e parlementaire par peur des représailles en cas de refus, n’est pas une relation mutuellement consentie.

Que non, se forcer à accepter des relations brutales pour faire plaisir n’est pas non le reflet d’une relation mutuellement consentie.


Mythe 7. Les femmes doivent faire attention


Le viol serait un phénomène quasi naturelle dans notre société, les hommes ont des besoins « biologiques », et ils violent, c’est comme cela, on ne peut rien y faire.

Et comme on ne peut « rien faire contre le viol », c’est donc aux femmes que revient la responsabilité de se « protéger » contre le viol. En n’étant pas provocante, en ne sortant pas à des heures tardives, en veillant à ne pas trop boire, à ne pas fréquenter des personnes peu fréquentables, en ne s’habillant pas de manière sexy… et si elles transgressent ces règles, ce sont elles, forcément, qui seront considérées comme responsable de leur sort tragique.

C’est ce que l’on appelle le « victim blaming ». Il est temps d’inverser la charge de la responsabilité et de considérer que seuls les violeurs sont responsables de leurs actes. Tout en arrêtant de leur trouver des excuses : elle n’avait pas l’air si jeune, elle était trop sexy, c’était une erreur de jeunesse….

Il est temps d’éduquer les hommes, comme les femmes à la notion de consentement explicite, spécifique, libre et éclairé.


Lysandra

36 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page